Franc succès pour Le Forum mondial Normandie pour la Paix 2022 !
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Samedi 01 octobre 2022
Edito de frédérique bedos
« En ces jours d’annexion forcée durant lesquels nous assistons, impuissants, à un odieux simulacre démocratique dont nous avons bien conscience qu’il ne fait qu’élever encore d’un cran une menace déjà écarlate, la thématique de la 5ème édition du Forum mondial « Normandie pour la Paix » résonne avec force et fracas : « A bas les murs ! A bas ces enfermements qui font les guerres ! ».
Et l’on ne peut que constater la réalité toute relative de ces frontières pourtant soulignées par des fortifications qui nous paraissent indestructibles et qui in fine ne sont que la traduction architecturale de nos peurs et de nos fragilités.
Face à ces chimères d’un autre temps, des femmes et des hommes se mobilisent et inlassablement, tendent la main vers celui qui se noie, apportent des vivres à celui qui a faim, affrontent tous les dangers pour aller à la rencontre de ceux qui se meurent… D’autres dialoguent, négocient, tentent de trouver de nouveaux chemins d’entente… en bref, ils réinventent la diplomatie.
S’ils sont idéalistes, ils n’en sont pas pour autant naïfs ! Nul besoin d’être radicalement « No Border » pour s’engager sur une démarche d’ouverture.
J’en veux pour preuve la subtile vision exprimée par Farhad Khosrokhavar à la fin de notre première matinée en plénière. Dans un discours vibrant d’humanité, ce dernier nous a expliqué que les murs rendent impossibles non seulement l’accès à autrui mais aussi à nous-mêmes. Néanmoins, pour pouvoir jeter un pont vers autrui, un espace de distanciation est nécessaire. Ainsi, il préconise un espace de LIMES dans lequel nous pouvons échanger avec l’autre dans sa différence mais aussi dans sa ressemblance avec nous-mêmes.
Que cette sagesse puisse éclairer ces heures bien sombres ! »
Frédérique Bedos, fondatrice de l’ONG Le Projet Imagine
© Eric Biernacki/Région Normandie
Un public de tous âges et de tous horizons s’est pressé aux différentes conférences, pour décrypter les enjeux internationaux et chercher des clés pour agir en faveur d’une société pacifiée.
De nombreux collégiens, lycéens, étudiants étaient présents, d’autant plus avides d’informations que l’actualité internationale est inquiétante : Ukraine, Iran, Afghanistan… Des murs s’élèvent un peu partout dans le monde, 5 fois plus nombreux aujourd’hui qu’au début du 20e siècle. C’est le sujet de la dynamique de l’emmurement qu’ont exploré de nombreux experts en géopolitique, représentants de gouvernements, du monde académique et de la société civile au travers d’ONGs de premier plan (MSF, AMNESTY INTERNATIONAL, Action contre la Faim, SOS Méditerranée…) au cours de deux plénières co-animées par Frédérique Bedos et Francois-Xavier Priollaud, Vice-Président de la région Normandie.
Au centre : Vadym Omelchenko, Ambassadeur d’Ukraine, auquel Frédérique Bedos n’a pas manqué de poser la question qui est dans toutes les têtes : « Poutine a sonné la mobilisation générale, n’est-ce pas le moment de craindre le pire ? »
« Les murs, obstacles à la paix »
Qu’ils soient tangibles ou invisibles, les murs sont source de séparation, d’enfermement, d’exclusion, de fragilisation et au final, de transgression… Ils naissent, selon le politologue Bertrand Badie, d’une attitude réactionnaire contre la dissolution des souverainetés dans la mondialisation, contre le changement qui est mouvement, à l’inverse des murs qui sont statiques.
© Eric Biernacki/Région Normandie
Alors pourquoi les murs ? A quelles fins ? Au fil des interventions, toutes passionnantes, voire même, émouvantes, ont été évoqués les murs politiques (Berlin…), les murs de défense (la grande muraille de Chine…), de protection – contre le terrorisme (Israël) ou l’immigration illégale (la Tortilla Boarder) – de ségrégation (Gated Communities…), mais aussi les murs législatifs, ceux de l’indifférence ou de l’argent… Avec une question récurrente : dans quelle mesure la protection des territoires prévaut sur les droits humains, à commencer le droit à la vie ? Les intervenants ont tenu à rendre hommage à l’engagement et aux mobilisations citoyennes, ainsi qu’au courage nécessaire pour tout quitter et décider de franchir les murs ! Courage ou désespoir ? « L’immersion sur un territoire entouré de murs et sans espoir est une machine à fabriquer de la violence », ferment de la radicalité et du fanatisme. Ce constat du Président d’Action contre la Faim a été finement développé par Farhad Khosrokhavar, professeur retraité à l’EHESS, spécialiste du djihadisme. Son intervention, remarquable, est à voir et revoir !
▼ Retrouvez la teneur de ces échanges édifiants : « Les murs, obstacles à la paix » ▼
« Faire tomber les murs ! »
Introduite par le Ministre des Armées Sébastien Lecornu, cette seconde plénière a mis en avant les outils qui permettent d’abattre les murs : la diplomatie, le commerce et la culture qui englobe éducation et engagement citoyen.
Pour autant, on se rend compte que les impératifs commerciaux n’ont pas forcément d’influence sur les intérêts géopolitiques, comme l’a démontré l’iconoclaste Maxence Brischoux, auteur de « Commerce et force ». Nicole Gnesotto Professeure émérite du CNAM et vice-présidente de l’Institut Jacques Delors, a dénoncé « ces murs que l’on a dans la tête« , tandis que l’ambassadrice Delphine O mettait l’accent sur la régression actuelle des droits des femmes. Avec énergie, la jeune guinéenne Hadja Idrissa, qui milite activement contre les mariages forcés, a appelé à lutter contre les violences faites aux femmes, et ce pas uniquement lors de la journée mondiale des droits des femmes.
▼ Retrouvez leurs interventions : « Faire tomber les murs » ▼
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