Qu'est-ce qui fait la richesse d'une société ?
Entretien avec Dominique Méda, Professeure de sociologie à l’Université Paris Dauphine
Le PIB est utile mais il faut absolument nous doter d’autres balises
pour comprendre ce qu’est la richesse de notre société.
Dominique Méda
Selon le dernier classement PIB* (30 avril 2020), la France est le 7e pays le plus riche du monde. Mais qu’est ce que cela signifie ? Le PIB est-il un indicateur suffisant pour évaluer la richesse d’une société ? C’est la question à laquelle nous vous invitons à réfléchir avec nous.
Pour son avant-dernier entretien de la saison, Frédérique Bedos a souhaité partager avec nous la vision d’une chercheuse prolixe dont les travaux, dans le domaine du Travail, des Politiques Sociales, des Femmes et des Indicateurs de Richesse, font référence : Madame Dominique Méda.
Au cours de cet échange avec notre fondatrice, celle qui est philosophe et sociologue dénonce le modèle de développement en cours depuis 2 siècles et nous appelle, à la lumière de la crise sanitaire, à changer radicalement de cap. Explicitant son propos qu’elle ponctue de références et de solutions concrètes, cette experte nous amène à réfléchir à une nouvelle organisation de la société post-croissance. Plaçant toujours l’éthique au centre de ses réflexions, elle soulève de nombreuses questions.
Peut-on encore définir la richesse d’une société sur le seul critère du PIB ? Quels autres indicateurs pourraient enrichir notre vision ? La recherche du profit peut-elle encore être le principal moteur du secteur économique ? Peut-on envisager de nouveaux modes de gouvernance pour les entreprises ? Qu’en est-il de l’utilité sociale des métiers et comment la revaloriser ? Qui est légitime pour le faire ? Et plus largement, quel est le fondement de la hiérarchie des rémunérations en France aujourd’hui ? Et quid de « la voix de la nature » ? En bref, qu’en est-il de notre modèle social et de notre capacité à faire société tous ensemble ?
Un passionnant entretien qui nous éclaire sur l’urgente nécessité d’évaluer la pertinence de nos diverses grilles de lecture sur lesquelles repose, en grande partie, le socle de nos valeurs fondamentales.